Région désormais traditionnellement ancrée à gauche, la Bretagne accorde en 2015 une nouvelle victoire confortable à Jean-Yves Le Drian (déjà élu en 2004 et réélu en 2010) face à ses concurrents LR et FN, Marc Le Fur et Gilles Pennelle. Il laisse pourtant sa place en 2017 à Loïg Chesnais-Girard pour rejoindre le gouvernement d’Édouard Philippe. Un ralliement à la majorité présidentielle qui déclenche aujourd’hui une guerre fratricide à la tête de la région. Loïg Chesnais-Girard candidat à sa réélection reste fidèle à la famille socialiste alors que Thierry Burlot — son vice-président – présente sa propre liste soutenue par La République en Marche, le MoDem et l’UDI, rendant l’issue du scrutin incertaine.
Loïg Chesnais-Girard peut toutefois compter sur son bilan positif à la tête de la région. 75 % des Bretons se disent satisfaits de son action ces quatre dernières années pour accompagner la Bretagne dans sa transformation économique et environnementale. Un succès qu’il doit pourtant partager avec son vice-président, Thierry Burlot, qui parvient également à capitaliser sur l’électorat de la candidate des Républicains, Isabelle Le Callennec.
Cette offre politique éclatée au centre et à gauche pourrait placer le Rassemblement National en tête du premier tour, Gilles Pennelle devançant de 1 point ses deux principaux adversaires selon les derniers sondages. Un séisme politique dans cette région modérée qui peut néanmoins s’expliquer par l’importance des sujets identitaires dans ce territoire, et par la relégation de nombreuses zones rurales au profit des grandes aires urbaines. Le conseiller départemental délégué des Côtés d’Armor, Loïc Roscouët, est le premier a regretté le manque d’action de la majorité à ce sujet : « L’action régionale n’a pas été assez prépondérante en termes de rééquilibrage entre les métropoles de Brest et Rennes d’un côté et les territoires ruraux de l’autre. »
Dans ce contexte, cinq candidats pourraient atteindre le second tour rendant presque inévitable des alliances pour l’emporter. Jean-Yes Le Drian — invité à se positionner pour un candidat— à relancer le débat en invitant ces deux héritiers à trouver un terrain d’entente. Pourtant, l’option la plus probable pour le second tour serait une alliance du président sortant avec la candidate d’Europe Écologie les Verts, Claire Desmares-Poirrier, qui ne s’oppose pas à un possible ralliement pour faire barrage au RN. Une telle alliance serait une première dans la région, alors que Jean-Yves Le Drian a toujours rejeté la possibilité, amorçant un basculement de la région vers un modèle plus durable.