Alors que l’annonce de la composition du futur gouvernement devrait intervenir dans les prochains jours, CALIF s’est intéressé aux attentes des Français en matière de politique sportive pour le prochain quinquennat. Parmi les questions posées sur ces enjeux dans le cadre de l’enquête réalisée par l’institut de sondage OpinionWay, une concerne spécifiquement le profil du futur ministre des Sports.
Sur ce point, près de 7 Français sur 10 se disent favorables à ce que ce dernier soit un ancien sportif (71 %).
Le vote comme élément de perception différenciant
Autres enseignements de cette enquête : les différences de perception concernant l’organisation des Jeux olympiques en France en 2024. En effet, si 65 % des personnes interrogées jugent que cet événement est une bonne chose pour le développement des infrastructures et que 69 % d’entre elles relèvent le côté positif pour le moral des Français et l’économie nationale, plus de la moitié des Français (56 %) pointent également son impact négatif sur l’environnement. Fait intéressant, l’électorat zemmouriste est celui qui se montre le plus critique sur cet aspect devant entre autres l’électorat écologiste. En effet, 12 % des personnes ayant voté pour Eric Zemmour au 1er tour de l’élection présidentielle considèrent que les JO est une bonne chose pour l’environnement contre 15 % pour celles ayant voté Yannick Jadot. Dans le même ordre d’idée, 70 % des électeurs de l’ancien polémiste et de Marine Le Pen se montrent en faveur de l’organisation de grands évènements sportifs en France contre 72 % pour ceux du candidat EELV. A titre de comparaison, ce chiffre atteint 86 % pour l’électorat d’Emmanuel Macron et un niveau sensiblement similaire pour celui de Jean-Luc Mélenchon (80 %) et de Valérie Pécresse (82 %).
L’importance du lieu d’habitation
Par ailleurs, ces écarts de perception selon les préférences politiques se retrouvent en ce qui concerne la place de la pratique du sport dans la société. Ainsi, si plus de 9 Français sur 10 considèrent que le sport est un sujet de santé publique (91 %), « seulement » 78 % de l’électorat d’Eric Zemmour partage cet avis contre plus de 90 % pour celui de Jean-Luc Mélenchon (94 %), Valérie Pécresse (92 %) ou encore Emmanuel Macron (96 %). Sans surprise, les personnes votant pour le candidat de La France Insoumise sont majoritairement en faveur du remboursement par la sécurité sociale de la pratique sportive (60 %), au contraire de l’électorat de droite (33 % pour ceux ayant voté Valérie Pécresse). Notons également de fortes disparités territoriales concernant les équipements sportifs selon la typologie des communes. Si dans leur ensemble, les Français jugent favorablement le niveau d’équipement en terrains sportifs collectifs (62 % pour les habitants des communes rurales contre 70 % pour les habitants d’agglomérations de plus de 100 000 habitants), des écarts significatifs sont à relever en ce qui concerne les équipements de nouvelles pratiques (BMX, escalade etc.). Sur ce point en effet, les communes rurales apparaissent comme le parent pauvre des politiques publiques sportives puisque moins d’un habitant sur 3 en zone rurale juge ce niveau d’équipement suffisant (28 %). Un chiffre qui monte à 48 % pour les personnes vivant dans des communes de plus de 20 000 habitants. Une hétérogénéité qui peut s’expliquer par le fait que ces enceintes sont très souvent financées sur les deniers des collectivités dans un contexte de contraction des finances publiques locales qui impacte davantage le monde rural et périurbain.
Le eSport, futur enjeu de lobbying ?
Enfin, les Français se montrent partagés sur le eSport. Un constat qui laisse à penser que cette pratique peut devenir un enjeu de lobbying ou de relations institutionnelles dans les prochains mois. En effet, 67 % des sondés assurent qu’il ne s’agit pas vraiment d’un sport. Toutefois, ils sont dans le même temps 75 % à penser que la discipline va se développer dans les prochaines années, preuve s’il en fallait de ses atouts indéniables à mettre en exergue auprès des pouvoirs publics dans une logique d’influence. Ceci est d’autant plus vrai que près de 4 Français sur 10 sont favorables à ce que l’eSport soit intégré aux grandes compétitions sportives internationales. Ils sont également 31 % à estimer que les joueurs professionnels peuvent être considérés comme des sportifs. Notons toutefois là encore des disparités qui relèvent cette fois-ci davantage de considérations générationnelles. En effet, les répondants à cette étude âgés de 18 à 24 ans sont 90 % à penser que le eSport va se développer dans les prochaines années contre « seulement » 69 % pour les 65 ans et plus. En revanche, un certain consensus existe – peu importe l’âge et la catégorie socio-professionnelle – sur le fait de considérer le eSport comme un sport à part entière. De quoi offrir de nouvelles perspectives de développement ?